…Saudade Ce mot, que le Français ‘melancolie’ traduit mal, revient dans toutes les conversations, à Lisbonne, au Cap-Vert, à Belém et Goa, dans les huitains de Camões, le fado de Maria Severa Onofriana et la bossa nova de Vinícius de Moraes. Il manifeste le génie d’une civilisation où l’essentiel n’est pas de vaincre, mais de survivre. La saudade, c’est la présence de l’absence, un désir de bonheur hors du monde mêlant la tristesse de ce qui n’es déjà plus à l’attente de ce qui sera. Ainsi la définissait dom Francisco Manuel de Melo, grand poète de l’âge baroque : “La saudade est une délicate passion de l’âme, et pour cela, si subtile que nous l’éprouvons seulement de manière ambiguë, sans pouvoir bien distinguer la douleur de la satisfaction. C’est un mal qu’on aime et un bien qu’on subit.
(…) Elle est le propre des êtres de raison, en vertu de ce qui existe en nous de plus élevé; et elle est un légitime argument de l’immortalité de notre esprit, à cause de cette muette suggestion qu’elle ne cesse de nous faire intérieurement, à savoir que, en dehors de nous, il y a quelque chose de meilleur que nous-mêmes, avec lequel nous désirons nous unir.”
(Soustraites au verdict de l’Histoire, les espérances portugaises trouvèrent donc refuge dans le mythe et la saudade).+++++
Fonte: LAPAQUE, Sébastien. Sous le Soleil de L’Exil. Grasset, Paris, 2003, pág. 89/90.
Ce passage m’avait passionné aussi. Il est très clair, et fait le lien entre divers aspects presque jamais traités ensemble (en France, du moins). Vous n’êtes pas au bout de vos bonheurs avec ce livre : chaque chapitre développe un thème rigoureux, tout en racontant les années de Bernanos au Brésil. (Je pense au chapitre sur la rencontre avec Stefan Zweig, extraordinaire.)
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Voilà, mon cher ami. Je suis très emu avec ce livre. M. Lapaque a bien compris l’histoire de l’exil de Bernanos au Brésil. Je suis en train d’entrer dans la rencontre Zweig/Bernanos… Je vous parlerai dans un prochain courrieur.
Sur ce courrieur-là, j´ai changé le titre car le mot “saudade” est au sein de ce qui j’ai repris (et aimé) sur le texte de Lapaque.
Merci pour le cadeau.
Mes Amitiés,
Beto.
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