Hoje, transcrevo duas estações deste caminho doloroso.
“Troisième Station (Terceira Estação) – Jésus tombe une première fois
En marche! victime et bourreaux à la fois, tout s’ébranle vers le Calvaire.
Dieu qu’on tire par le cou tout à coup chancelle
et tombe à terre.
Qu’en dites-vous, Seigneur, de cette première chute?
Et puisque maintenant vous savez, qu’en pensez-vous? cette minute
Où l’on tombe et où le faix mal chargé vous précipite!
Comment la trouvez-vous, cette terre que vous fîtes?
Ah! ce n’est pas la route du bien seulement qui est raboteuse.
Celle du mal, elle aussi, est perfide et vertgineuse!
Il n’est pas que d’y aller tout droit, il faut s’instruire pierre à pierre,
Et le pied y manque souvent, alors que le coeur persévère.
Ah, Seigneur, par ces genoux sacrés, ces deux genoux qui vous ont fait faute à la fois,
Par le haut-le-coeur soudain et la chute à l’entrée de l’horrible Voie,
Par l’embûche qui a réussi, par la terre que vous avez apprise,
Sauvez-nous du premier péché que l’on commet par surprise!
Quatrième Station (Quarta Estação) – Jésus rencontre sa Très Sainte Mère.
O mères qui avez vu mourir le premier et l’unique enfant,
Rappelez-vous cette nuit, la dernière, auprès du petit être gémissant,
L’eau qu’on essaye de faire boire, la glace, le thermomètre,
Et la mort qui vient peu à peu et qu’on ne peut plus méconnaître.
Mettez-lui ses pauvres souliers, changer-le de linge et de brassière.
Quelqu’un vient qui va me le prendre et le mettre dans la terre.
Adieu, mon petit enfant! adieu, ô chair de ma chair!
La quatrième Station est Marie qui a tout accepté.
Voici au coin de la rue qui attend le Trésor de toute Pauvreté.
Ses yeux non point de pleurs, sa bouche n’a point de salive.
Elle ne dit pas un mot et regarde Jésus qui arrive.
Elle accepte. Elle accepte encore une fois.
Le cri
Est sévèrement réprimé dans le coeur fort et strict.
Elle ne dit pas un mot et regarde Jésus-Christ.
La Mère regarde son Fils, l’Église son Rédempteur,
Son âme violemment va vers lui comme le cri du soldat qui meurt!
Elle se tient debout devant Dieu et lui offre son âme à lire.
Il n’y a rien dans son coeur qui refuse ou qui retire,
Pas un fibre de son coeur transpercé qui n’accepte et ne consente.
Et comme Dieu lui-même qui est là, elle est présente.
Elle accepte et regarde ce Fils qu’elle a conçu dans son sein.
Elle ne dit pas un mot et regarde le Saint des Saints.
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Fonte: CLAUDEL, P. “Le Chemin de la Croix”, Librairie de l´Art Catholique, Paris, 1955.